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Jenny Watson

1951

Une seule désignation ne suffirait pas pour définir l’œuvre originale de l’artiste australienne Jenny Watson. Réduire son travail à un style ou un mouvement particulier reviendrait à manquer l’essence d’un art éminemment personnel. Sa peinture se caractérise, d’une part, par des lignes schématiques, naïves, généralement peintes sur du textile et, d’autre part, par l’utilisation de textes manuscrits et affectifs, qui figurent souvent sur des panneaux extérieurs au tableau.

L’œuvre de Watson se lit comme une série de mémoires, dans lesquelles des instantanés imaginatifs de sa propre vie forment la base d’un récit plus vaste. À travers des représentations en apparence simples et anecdotiques, Watson pousse la porte d’un monde complexe et émouvant qui met en évidence la trivialité, les émotions universelles et les thèmes sociaux tels que l’identité, le genre et la féminité.

Watson préfère qualifier son œuvre de « peinture post-conceptuelle ». L’artiste a commencé sa carrière avec des peintures réalistes basées sur des photographies alors qu’elle était étudiante à Melbourne, au début des années 1970. Elle souligne l’influence de l’art conceptuel qui régnait en maître à l’époque. Son travail a toujours mis l’accent sur le langage et le contenu plutôt que sur l’esthétique. Passionnée par les thèmes personnels et par la figuration, Watson a progressivement développé son propre style, loin des courants dominants. Les tendances sociales et culturelles de la fin des années 1970 et des années 1980 ont joué un rôle crucial à cet égard. Alors que le mouvement féministe de Melbourne et les rencontres avec la critique artistique américaine Lucy Lippard ont éveillé l’intérêt de Watson pour la subjectivité et la psychanalyse, la scène punk, occupée à l’avant-plan par des musiciens comme Nick Cave et The Go-Betweens, a créé un climat extrêmement propice aux expériences, au croisement des disciplines et à la subversion du discours traditionnel.

L’univers de Watson met en scène des personnages féminins qu’on peut considérer comme des autoportraits et des alter ego divers. Ses œuvres s’inspirent de ses expériences, de ses rêves et de ses passions d’adolescente vivant dans la banlieue de Melbourne dans les années 1950 et 1960. Elles traduisent son obsession des chansons pop des Beatles, de Twiggy, des chevaux, des stars de cinéma et des ballerines. De nombreuses œuvres représentent Jenny Watson en personne : une femme rousse en minijupe et bas résille noirs.