Saskia Pintelon
Le travail de l’artiste belge Saskia Pintelon, qui vit et travaille au Sri Lanka depuis 1981, repose sur une capture quasiment instinctive de son environnement immédiat. Son univers créatif est avant tout centré sur son nouveau port d’attache qui, par sa nature, sa culture, ses rites et sa religion, est aux antipodes de celui de son pays natal occidental.
L‘œuvre de Pintelon a beau être diversifiée, ses peintures, collages et dessins sur papier se caractérisent tous par un désir d’innovation, de recyclage et d’expérimentation du texte et de l’image. L’artiste sort ainsi résolument des frontières des tendances et des courants dominants. L’exposition se concentre sur le travail plus graphique entamé en 2004 avec la série Faces désormais emblématique et réalisée sur des sachets de thé locaux. Le travail le plus récent de Pintelon, NO NEWS GOOD NEWS, est l’œuvre de toute une vie. Une série continue de collages de journaux révèle le pouvoir de son imagination, alimentée par une sensibilité naturelle pour l’identité, l’humanité, l’humour et la critique sociale.
La perception différée du temps, le lien entre l’homme et la nature, les mariages arrangés, l’importance de l’astrologie et de l’horoscope, l’architecture précaire, les moussons annuelles ainsi que la cohabitation des chrétiens, des hindous, des musulmans et des bouddhistes sont autant d‘éléments qui constituent une source inépuisable d’inspiration, d’étonnement et de questionnement pour l’artiste. En témoignent, d’une part, la série de peintures où Pintelon a intégré toutes sortes de remèdes locaux (Be Your Own Doctor) et, d’autre part, la série d‘œuvres basées sur les annonces quotidiennes de mariage dans les journaux locaux. Le travail de Pintelon matérialise une fascination faussement enfantine pour le Sri Lanka. Un intérêt indépendant de tout exotisme, qui n’a aucun lien avec l’évasion romantique, mais qui témoigne d’une générosité inlassable et de l’esprit libre et ouvert de Pintelon. Avec elle, pas de grands discours sur l’Est et l’Ouest, mais une attention portée sur le trivial, le périphérique et l’humain. Ce type d’exposition confronte naturellement et indirectement l’observateur occidental à son homologue néolibéral.