Elke Krystufek
Proper Use

L’artiste viennoise Elke Krystufek est l’une des personnalités les plus provocantes de l’art contemporain. Elle a acquis une renommée internationale avec ses performances intenses, parfois douloureusement physiques, ses vidéos, ses peintures et ses collages photo. Son travail suscite constamment de fortes réactions. Le plus souvent, son propre corps, nu ou non, est le sujet. Sans pudeur, elle révèle tous les aspects d’elle-même : la vie et l’art sont égaux à ses yeux.

Elke Krystufek est fascinée par le contraste souvent saisissant entre l’image que nous avons de nous-mêmes et ce que nous voulons montrer aux autres, et la façon dont les autres nous perçoivent réellement. Rien n’est épargné au spectateur : le contenu de sa cuvette de toilette, un seau de vomissures, et surtout ses propres organes génitaux. Nous voyons les poches sous ses yeux grossir, son corps s’épaissir puis mincir à nouveau. Nous la voyons rire et pleurer. Bien qu’elle semble en dire beaucoup sur elle-même, c’est elle qui détermine ce qui est connu d’elle et ce qui ne l’est pas, la maintenant dans le mystère aux yeux du public. Dans son travail, elle critique, entre autres, la façon dont la religion et les médias traitent le corps.

Pour MDD, Krystufek a développé Proper Use : une exposition qui fonctionne comme un Gesammtkunstwerk et dans laquelle ses thèmes les plus récents sont abordés aux côtés de ses sujets habituels. Cependant, cette fois-ci, l’atmosphère scandaleuse et spectaculaire qui accompagne habituellement son travail ne domine pas. Les œuvres centrales comprennent les deux moitiés du cerveau et le mot Dieu, élaboré en seize langues. Le cerveau, sujet de la psychanalyse, semble être le véritable foyer de toutes les peurs et désirs, et de l’idée de ‘Dieu’. Le design intérieur est considéré comme une extension des fantasmes, de la haine et de l’amour : une étagère en forme de svastika se tient à côté d’une menorah, un immense candélabre juif. Ainsi, avec Proper Use, elle analyse davantage nos pulsions cachées ou inconscientes, manipulées par la religion, les médias, la langue, l’origine ou le patriarcat.