Kelly Schacht
• RE: thinking the story – c’était un rendez-vous

C’était un rendez-vous : une folle virée en voiture qui se termine de manière romantique dans les bras de l’être cher du chauffeur. C’est un court-métrage du réalisateur Claude Lelouch datant de 1976, atteignant des proportions presque mythiques en France. C’est également le titre d’un projet de Kelly Schacht, réalisé en 2008. Cependant, le terrain de jeu de Kelly Schacht n’était plus le cœur de Paris, mais le Sint-Martens-Latem rural, et le point d’arrivée de la course n’était pas le Sacré-Cœur au sommet de Montmartre, mais le Musée Dhondt-Dhaenens à Deurle.

Au début de 2008, le MDD a invité la jeune artiste belge Kelly Schacht à réfléchir aux équipements pour les visiteurs tels qu’une cafétéria/espace assis/librairie/vestiaire/etc., qui pourraient fonctionner à long terme au sein du musée. Sa réponse à l’invitation est devenue un projet global où l’architecture moderniste du musée et le film c’était un rendez-vous ont servi de sources d’inspiration.

Pour Kelly Schacht, le court-métrage était plutôt un prétexte pour repenser le scénario original. Tout a commencé par la découverte de c’était un rendez-vous via YouTube, suivi de l’installation du décor du film dans le hall d’entrée du musée/villa, de l’appel au casting, de l’achat d’une Mercedes SEL 450 (le même modèle que dans le film original), du casting, du tournage, du montage, de la mise en page, des réactions, du projet d’exposition à la galerie Hoet-Bekaert, ... Toutes les étapes font partie intégrante du projet global. Elle aime utiliser les médias qui offrent la meilleure solution visuelle à un moment donné et dans le contexte donné.

C’était un rendez-vous s’est développé de manière progressive et en partie imprévisible. Chaque phase a généré de l’inspiration pour la suivante. À une époque où le ‘nouveau’ et ‘l’unique’ sont des concepts relatifs, Kelly Schacht donne ainsi une interprétation particulière de l’auctorialité.

Pour elle, le caractère objectif de l’œuvre n’a pas de valeur, mais l’expérience esthétique découle de la charge d’un espace donné de nouvelles significations et de la sublimation d’une action, d’une expérience ou d’un souvenir. Pour ses projets sous la rubrique • RE: thinking the story, elle recherche ces originaux qui ont parfois une valeur mystérieuse ou mythique, remettant en question la notion d’auctorialité, d’originalité et d’unicité.

Kelly Schacht démêle, questionne, réinterprète et renforce le mythe de l’original. Parallèlement, elle crée une liberté dans son travail grâce à l’interaction de musiciens, d’acteurs, du designer, ... et au rôle participatif qu'elle attribue au spectateur. L’artiste elle-même devient le catalyseur de nombreuses interprétations et expériences personnelles, sans vouloir les contrôler de manière prétentieuse. Le résultat peut être très ‘sec’, mais il peut aussi acquérir une charge romantique ou poétique.